Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search, Henry, S. 2013. Cette nouvelle catégorie de fonctionnaires assume les « visites de propreté ». 10La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle sont des périodes de paradoxe où malgré les progrès dans la définition de ce qu’est la tuberculose et l’émergence de moyens novateurs pour la combattre, de nombreuses croyances restent ancrées dans les mentalités ; le caractère héréditaire de la maladie, les remèdes miracles26 et l’incurabilité en sont de bons exemples. 55 Annuaire statistique de France, Paris, Imprimerie nationale, vol. Principaux phénomènes épidémiques localisés au Havre de 1800 à 1900*. 44 Achille Foville, Les nouvelles institutions de bienfaisance. Pour la tuberculose, rien de semblable. On lui reproche notamment d’être « un simple bureau de statistique municipale49 », bien loin des attributions aperçues au Havre. Quant à l’image de « maladie romantique », la phtisie la puise dans sa forme ; en effet, la personne malade ne se retrouve pas physiquement enlaidie, contrairement aux syphilitiques ou aux cholériques par exemple. Lire la bio. Continuateur de l’œuvre de Laënnec et précurseur des découvertes de Koch, il a l’intelligence de découvrir puis de démontrer expérimentalement la virulence, l’unicité, la spécificité et la contagiosité de la tuberculose3. La tuberculose est certes une maladie du temps, une maladie de « stades », mais les poussées évolutives rapides existent aussi. L’État demeure donc enfermé dans ses propres paradoxes en matière de lutte contre les fléaux sociaux jusqu’à la Première Guerre mondiale. Le XIXe siècle est ainsi marqué principalement par le développement de la clinique. A partir du milieu du XIX e siècle, la société change incontestablement. I/ Le réalisme en sculpture au 19ème La sculpture française du XIXe siècle est caractérisée par la diversité des courants et des styles, allant du néoclassicisme du début du siècle, au primitivisme et à l'Art nouveau de la fin du siècle. * Source : Jean Legoy, Le peuple du Havre et son histoire, 1800-1914…, op. Néanmoins, les mêmes phénomènes de peur se répètent au travers d’une énième pétition avec son lots de phrases chocs : « nous ne voulons pas croire qu’elle laissera transformer une rue déjà si mal disposée au point de vue hygiénique, en un rendez-vous pour tous les tuberculeux du Havre, en un entrepôt de tout le linge souillé par ces malheureux malades76. Cette époque est, faut-il le rappeler, submergée par les théories hygiénistes, un hygiénisme acerbe où la tuberculose est représentée comme une maladie de l’urbain, et est de ce fait liée, plus globalement, à la ville perçue comme porteuse de toutes les misères, des vices et autres miasmes27. Il n’empêche que, faisant preuve d’une volonté hygiéniste, l’État ouvre également de nouvelles perspectives concernant la tuberculose, pathologie contagieuse par excellence. Selon l’arrêté du 11 juillet 1903, l’objectif premier de cette commission est « de prendre l’initiative auprès du gouvernement des mesures administratives et législatives propres à prévenir l’extension de la tuberculose ». Il eut également une grande influence au niveau national dans le domaine de l’hygiène publique et de l’urbanisme, symbolisée par une proposition de loi déposée en 1886 à la Chambre des députés au sujet de l’organisation de l’hygiène publique (la future loi de 1902), la promulgation de la loi du 30 novembre 1894, dite « loi Siegfried », sur la création des habitations à bon marché, sans omettre son œuvre féconde à la tête du Musée social de 1894 à 192278. Selon les estimations de l'OMS, en 2017, il y a eu environ 158 000 nouveaux cas de tuberculose au Kenya et jusqu'à 191 000 nouveaux cas au Myanmar. Cependant, pendant la majeure partie du siècle, l’État reste trop faible pour imposer à la société les préceptes des hygiénistes, et l’instabilité politique explique en grande partie le retard français en matière de santé publique par rapport aux autres pays européens, comme l’Angleterre ou l’Allemagne, qui ont des taux de mortalité tuberculeuse bien inférieurs à celui de la France110. Bien conscients du nombre important de malades au sein de leur municipalité, ils réunissent autour d’eux des médecins et des notables havrais prêts à se regrouper sous une même bannière pour lutter plus efficacement contre la tuberculose. Ses idées sont vulgarisées lors du Congrès international de la tuberculose réuni à Londres du 21 au 27 juillet 1901 auprès de la communauté scientifique. La Peste noire et ses retours (XIVe siècle-XVIIe siècle) La Peste noire qui s’abat sur l’Occident dans les années 1340 constitue un cataclysme majeur en Europe. Dans cette famille tuberculeuse, l’œuvre de préservation prend les enfants encore sains de 3 à 10 ans, et les place à la campagne, dans des familles de paysans également sains, où nos pupilles sont confiés à d’excellents médecins de campagne qui choisissent les maisons de paysans et soignent nos enfants gratuitement. Sur un plan épidémiologique, il coordonne le recensement des maladies contagieuses pour permettre l’isolement systématique des malades et prendre en charge la désinfection des logements. Les hygiénistes adoptent une « stratégie » pour faire appliquer leurs idées, et se lancent « dans la bataille politique pour mettre en œuvre les mesures d’hygiène et de salubrité qu’ils n’avaient cessé de préconiser, voire de réclamer36 » depuis quelques décennies par l’intermédiaire des conseils d’hygiène publique et de salubrité. 57, no 4, p. 410-448. On reconstruit la maladie et le courant hygiéniste s’en sert naturellement dans l’optique de renforcer ses positions. L’objectif est clair : toutes les causes d’affaiblissement doivent être identifiées et combattues. À partir de 1916, les services de santé se montrent très alarmistes devant l’explosion de ces deux pathologies qui n’étaient pas au rang des priorités de 1914, mais que … ), Dictionnaires des parlementaires français : notices biographiques sur les ministres, députés et sénateurs français de 1889 à 1940, Paris, PUF, 1966. 31Alors que l’État se désengage pour éviter un conflit inutile et laisse le pouvoir entre les mains des médecins, cet immobilisme est déjà combattu par quelques départements français. Tableau 3. Hygiène et salubrité publiques en France au XIXesiècle, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des histoires », 2010, p. 256. 30, 1910, p. 176. 18Cette fondation fait suite au voyage du docteur Gibert à Bruxelles pour étudier une expérience pionnière en Europe, le bureau municipal d’hygiène. Ce n’est pas des grandes épidémies de guerre que vient la principale menace pour la santé des troupes, mais des deux « fléaux sociaux » familiers à la société française du début du xx e siècle, tuberculose et syphilis. Ne décrit-on pas d’ailleurs la « consomption » comme faisant partie de l’essence créatrice de l’artiste tourmenté1 ? La succession de phénomènes qui minent la démographie française56 et jettent un spectre de dépopulation conduit donc les autorités à envisager une collaboration avec le corps médical. 68 ADE, 62 X 1, inspection médicale des écoles, instructions, affaires générales, organisation du service. Elle tue près de 10 fois plus que la fièvre typhoïde ou la diphtérie et s'attaque aux forces vives des nations, touchant de préférence les jeunes, délaissant les individus malingres. La profession médicale souffre depuis le milieu du siècle d’une désaffection des vocations : alors qu’on dénombrait 18 099 médecins en 1847, on n’en compte plus que 14 920 (docteurs en médecine et officiers de santé) en 189158. De cette volonté privée d’amener les enfants vers la campagne découle l’idée d’amener l’enfant vers la campagne dans le cadre scolaire. cit., p. 67. Au-delà d’une affluence relativement médiocre pour une ville de plus de 130 000 habitants, les 3/4 des patients recensés n’ont aucune infection tuberculeuse et consultent pour un autre motif. L’étendue des malheurs qui résultent de ces sortes de mariages ne peut être appréciée que des médecins ; ils doivent en conséquence comprendre la justesse de ces remarques tout en reconnaissant la difficulté de faire adopter au public la nécessité de se soumettre à ces indispensables restrictions7. Souvent désireux de passer à l’offensive dans les discours, on ne perçoit pourtant pas une réelle détermination des acteurs du pouvoir pour mettre en forme les approches théoriques. Au XIXe siècle, la prise de conscience de l’isolement grandissant des servantes, le problème posé par leurs grossesses, voit se multiplier les organismes de charité se chargeant de l’accueil et de la réinsertion des servantes malades, enceintes ou au chômage. Le but de Grancher est simple : soustraire les enfants non atteints par la tuberculose aux milieux familiaux dans lesquels ils sont exposés à la contagion, par leur placement à la campagne dans des familles « saines ». 31 ADSM, 5 M 58, conseil central d’hygiène, délibérations (1849-1870), séance du 4 août 1849. 7La contagion acceptée par la majeure partie du corps médical et le paradigme constaté, les débats pour se protéger du mal prennent de l’ampleur en cette fin de siècle. ), Peurs et terreurs face à la contagion, Paris, Fayard, 1988 ; Georges Vigarello, Le sain et le malsain ; santé et mieux-être depuis le Moyen Âge, Paris, Seuil, 1993. En 1912 le docteur … 54 Léon Bourgeois, La politique de la prévoyance sociale. Pour preuve, l’Annuaire statistique de 1910 indique le chiffre de 48 000 décès dans les villes de plus de 5 000 habitants55 (qui représentent approximativement la moitié de la population française à cette époque). Dans la continuité de la loi de santé publique, une Commission de préservation contre la tuberculose est instituée en 1903. Le souvenir des terribles épidémies sous l’Ancien Régime et au XIXe siècle (épidémies cholériques de 1832, 1849 et 1892, ou varioliques de 1870-1871) hante encore les mémoires françaises. C’est encore eux que l’on revoyait le soir courbés, fatigués par une longue journée. De plus, malgré l’obligation scolaire, de nombreux parents ne scolarisent pas encore leurs enfants, notamment dans les campagnes où ils servent de main d’œuvre dans le cadre des travaux des champs. En France, il faut reconnaître que la base du corps médical possède un authentique pouvoir et fait peu de cas de la législation. En Seine-Inférieure, l’Association rouennaise pour la préservation de la tuberculose est à l’origine d’une colonie de santé aménagée en 1904 et située sur la commune du Mesnil-Esnard, au sud-est de Rouen. 9, 1868, p. 34. La vision qu'a pu avoir de la tuberculose l'homme de science au XIXe siècle n'a pas évolué linéairement. Les familles de paysans qui reçoivent les enfants sont choisies par les médecins de la localité, après enquête sur leur valeur morale, leur santé et leurs ressources. 14 Bernard Nièpce, De la contagion et de la transmissibilité de la tuberculose, Grenoble, 1886 ; Gonzalve Menusier, La contagion de la tuberculose par les appartements. Le tuberculeux, sauf dans la dernière période de son mal n’est pas alité. 13Suite à l’arrêté du 18 décembre 1848 initié par le « chef du pouvoir exécutif », Louis-Napoléon Bonaparte, il se crée donc un conseil central d’hygiène publique et de salubrité du département de Seine-Inférieure le 20 juin 1849. Avis de la Commission administrative des Hospices du Havre. ». Dorénavant, la statistique s’invite au débat et les variations de données de mortalité sont scrutées minutieusement. La tuberculose, entre hier et demain, Les atermoiements d’une lutte contre la tuberculose mal définie, Le principe de contagion au service de la statistique, Un pouvoir central aux décisions limitées, La tuberculose comme maladie à déclaration facultative, D’une approche théorique aux premières réalisations marginales, La délicate mise en place des dispensaires en Seine-Inférieure, La vie à la campagne ou la sauvegarde de l’enfance selon Grancher, Conclusion. 32La lutte contre la tuberculose reste difficile à définir en ce début de XXe siècle. Paradoxalement, alors que le plan de lutte nationale contre la tuberculose n’est pas encore institué, l’œuvre Grancher vit la période la plus faste de son histoire avant la guerre, certainement par manque de rivaux hormis l’Assistance publique. 49 BMR, Société d’hygiène publique, séance du 29 mars 1886, t. 16, p. 182. cit. © Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2013, Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540. Des atteintes ganglionnaires ou de nombreuses pleurésies se révèlent alors tuberculeuses. Ce concept peut être apparenté aux colonies de santé qui ont fleuri sur le territoire français au début du XXe siècle. Bertin et Picq. Devant ce succès, Grancher émet le souhait d’exporter son association partout en France. 39 BMH, fonds précieux, Ms 881, correspondance entre le docteur Gibert et Jules Siegfried, plusieurs lettres. 45 Patrice Bourdelais, « Les bureaux d’hygiène municipaux (1879-1900) », dans Patrice Bourdelais et Olivier Faure (dir. 107 AMH, Bureau d’hygiène municipal, Bulletin mensuel, Le Havre, 1916-1917, juin 1916 : les œuvres de la Ligue havraise contre la tuberculose. De la phtisie, « maladie romantique », à la tuberculose, « maladie sociale ». L’idée de base est la suivante : en éduquant les enfants à ce principe, on pense qu’ils pourront transmettre à leurs parents les leçons d’hygiène qui leur auront été inculquées, tout en suivant ces règles lorsqu’ils deviendront eux-mêmes adultes. Cette officialisation s'accomplit en deux temps. Celle-ci est « exercée, au point de vue médical, par des médecins-inspecteurs communaux ou départementaux94 ». Les pouvoirs publics concentrent donc leurs efforts essentiellement sur des politiques sanitaires urbaines ayant trait à la diminution de la morbidité tuberculeuse dans les quartiers majoritairement touchés par le fléau. La Ligue havraise contre la tuberculose remporte ici sa première victoire. 1801 : Octobre à décembre - Inondations en Ile-de-France. Et si cette progression des décès était directement relative à la découverte du principe de contagion ? Ici, le concept d’aménagement du territoire s’impose ; en effet, face à un exode rural croissant, les autorités relancent l’idée de la campagne saine. 1802-1803 . Dans les années 1850, il est également fait référence à l’absence de continuité entre les discussions effectives des membres et les actions engagées sur le terrain. 47Résistant au grand courant d’opinion populaire qui entraîne la plupart des esprits à faire du sanatorium populaire le principe essentiel de la lutte antituberculeuse, il cherche à démontrer combien cette solution est à la fois coûteuse et douteuse. Rapport fait au nom de la commission d’hygiène sur le projet de loi relatif à la protection de la santé par M. Georges Legros, député, lors de la seconde séance de la chambre des députés du 11 juillet 1930 (déclaration du professeur Letulle dans le Bulletin de l’Académie de médecine, 1912, t. 68). Le docteur Lourier, président du comité, définit la nécessité du dispensaire en ces termes : « Un grand nombre de tuberculeux soignés au début du mal sont susceptibles de guérir […] En les soignant on les surveille, on leur indique les mesures prophylactiques à prendre et on établit autour d’eux un cordon sanitaire des plus efficaces, afin d’éviter de nouvelles contagions81. La littérature génère donc une image fausse de la maladie, exhibant une activité émotionnelle accrue chez les êtres atteints, eux-mêmes consumés graduellement par la passion. Malgré leurs heures de travail ils ont de bas salaires, des logements humide et mal- chauffés. Celle-ci provoque des diarrhées d’une rare violence, conduisant à une déshydratation extrême et à la mort. Prenons comme base les statistiques du docteur Lecadre, médecin des épidémies et vice-président du conseil d’hygiène publique et de salubrité de l’arrondissement du Havre ; il signale dans son étude 476 décès de phtisiques en 186821. Peu à peu va naître l’idée que pour répondre aux difficultés, il est nécessaire de former les domestiques. » Dès lors, la tuberculose n’apparaît plus comme quelque chose de « vague et d’indéterminé », mais comme « un parasite visible et tangible13 ». Les dispensaires pour enfants malades. Les familles de malades ont tout intérêt à éviter l’ostracisme social. Lors de la révolution industrielle du 19ème siècle, la surpopulation dans les villes et la malnutrition ont favorisé la propagation de la maladie. Celui-ci fut, faut-il le rappeler, particulièrement engagé dans les questions sanitaires et sociales de sa ville. La difficulté principale pour Grancher réside dans l’acceptation des placements par les parents, ce que Michèle Becquemin nomme le « contournement de la puissance paternelle105 ». ), 12e éd., 2008. cit., p. 155. 66 André-Justin Martin et Albert Bluzet, Commentaire administratif et technique de la loi du 15 février 1902 relative à la protection de la santé publique, Paris, Masson, 1903. Les personnes vivant dans des zones où il est difficile de se nourrir et où il manque d’infrastructures sont particulièrement touchées. Lors de l’arrivée au pouvoir des républicains en 1879, ces derniers souhaitent que l’école devienne un fondement de l’éducation par l’hygiène avec une mise à contribution du corps enseignant84. Malteser International est une entité de Malteser Hilfsdienst e.V., une organisation à but non lucratif enregistrée et est donc exonérée d'impôts (numéro fiscal 218/5990/0018). 64 Alfred Cerné, « Sur l’extension à diverses maladies de la déclaration obligatoire », La Normandie médicale, no 10, mai 1900, p. 197. Dans le même temps, des recommandations sont aussi formulées pour lutter contre la variole (séance du 6 août 1864) et les maladies vénériennes (séance du 5 novembre 1864). Œuvre Grancher, cinquantenaire…, op. Il est peu probable qu’il y ait deux fois plus de décès chez les 20 millions de Français résidant dans des communes inférieures à 5 000 habitants. Le taux de mortalité provoqué par ce fléau atteint 2 pour 1000 en 1917 pour fléchir ensuite. Leurs invectives sont résolument éclectiques puisqu’ils apprennent aux enfants à se laver soigneusement, à se nettoyer les ongles, à se brosser les dents, à avoir un mouchoir personnel, etc. Ce site Web utilise des cookies afin d’en faciliter l’utilisation. Si les deux départements haut-normands ne légifèrent pas dans un premier temps sur la question des écoles de plein air, il est bien de la responsabilité des principales communes normandes d’analyser tout d’abord la situation sanitaire des enfants pour ensuite encourager leur création. 19 Tous les décès donnent lieu à un certificat par le médecin qui a assisté l’individu mort, durant ses derniers instants. La tuberculose n’est pas limitée aux pays sous-développés. La maladie était autrefois appelée phtisie, ce qui signifie consomption, soit affaiblissement et maigreur extrêmes, en référence à la détérioration physique rapide causée par la tuberculose. 109 Michèle Becquemin, Protection de l’enfance…, op. 104 Son œuvre de préservation de l’enfance contre la tuberculose est fondée en 1903 et il meurt en 1907 des suites de la tuberculose (Jacques Roussillat, Un patron des hôpitaux de Paris à la belle époque. Tout d’abord, en 1886, au sein du ministère de l’Intérieur est créée la Direction de l’assistance et de l’hygiène publique. En fait, témoin de l’insuccès des tentatives thérapeutiques inspirées par l’étude du bacille, Grancher comprit que tant que manquerait un traitement spécifique trop lent à venir, l’hygiène sociale devait conserver le premier rang dans le combat contre la tuberculose100. Il était en 2018estimé à 10 millions par l'OMS . 12Pour comprendre cette nouvelle perception de la campagne entraînant une révolution dans les comportements, il faut parcourir l’histoire du courant hygiéniste. La transposition de ce phénomène dans les statistiques sanitaires est immédiate ; on constate ainsi une hausse continue du nombre de décès par tuberculose au début du XXe siècle en Seine-Inférieure (2 356 décès en 1904 ; 2 407 en 1907 ; 2 589 en 1910 ; 2 623 en 1913), bien après les premières poussées épidémiques du XIXe siècle dues à l’industrialisation et l’urbanisation. Simple énoncé accessoire en 1898, cette donnée devient "chiffre officiel"13 entre 1900 et 1905. Non, répondent encore les pathologistes, et nous refusons de souscrire à une pareille union […] Nous savons qu’il y a danger pour le produit de la conception à unir un tuberculeux à un autre individu, même d’une santé irréprochable5. Face à cette pluralité d’interrogations, elle se divise en sept sous-commissions (éducation, alimentation, habitation, milieu personnel, milieu collectif, conditions de travail, défense collective). Le principe de contagion implique aussi un regard neuf sur les porteurs de ces symptômes, ce qui facilite le dépistage de nouveaux malades par les médecins. 29Face à ces circonstances néfastes, une nouvelle collaboration est consacrée par la loi du 15 février 1902 sur la protection de la santé publique. Il y a certainement autant de départements et de localités françaises que de politiques antituberculeuses à cette époque. 1829-1837 3. Selon lui, l’infection demeure toujours familiale, le plus souvent maternelle, et est d’autant plus grave, que l’enfant est jeune et le contact prolongé. Cliquez ici pour obtenir plus de détails sur notre suivi. En France, pour engendrer une baisse des populations tuberculeuses, jugées inaptes physiquement, des médecins énoncent depuis le début du XIXe siècle des théories semblables à celle de Galton à travers la formulation de principes scrupuleux que les législateurs devraient suivre comme l’interdiction de s’acquitter d’une descendance pour les tuberculeux. En cela, il est un des partisans de la fondation du premier dispensaire lillois initiée par son confrère Calmette, ces deux médecins encensant la prévention au détriment de la cure. Particulièrement active au XIXe siècle, à une époque où les méthodes d’assainissement de l’eau et l’hygiène étaient inexistantes et insuffisantes, elle a provoquésept pandémies : 1. Leur inspection est centrée sur la santé des enfants, la salubrité des locaux et l’observation des règles de l’hygiène scolaire98. Revenu convaincu de son voyage bruxellois, le docteur Gibert conclut sa proposition de création en insistant sur la pertinence de l’échelle municipale du bureau d’hygiène, car « les municipalités, le plus souvent, n’écoutent point ou n’écoutent qu’imparfaitement et presque jamais ne mettent sérieusement en pratique les avis des conseils d’hygiène, départementaux et d’arrondissement41 ». Au 19ème siècle, les maladies tuberculeuses ont rapidement augmenté à cause d’une forte densité de population liée à l’industrialisation, des conditions d’hygiène inadéquates et le manque de médicaments. Cette avancée législative significative est rendue possible par le renforcement du groupe de pression des médecins hygiénistes et la demande d’une partie de plus en plus large de la population. 79 AMH, M 3, C 2, L 6 ; dispensaire antituberculeux Brouardel ; création, fonctionnement, convention (1904-1937), pochette articles de l’inauguration du dispensaire Brouardel, article d’Albert Herrenschmidt dans Le Petit Havre du 25 octobre 1925 : « La lutte contre la tuberculose, le dispensaire antituberculeux de la rue Haudry ». Au gré de ces deux expériences normandes couronnées de réussite et de bien d’autres50, le pouvoir central légifère et rend obligatoire l’installation de bureaux d’hygiène dans toutes les villes de plus de 20 000 habitants dès 1902, en charge de l’application de la loi sur la santé publique. Outre ce premier établissement, un autre dispensaire est fondé en novembre 1905 au sud du département, dans la commune d’Elbeuf, « une ville uniquement manufacturière, riche de tuberculeux80 ». 26 Voici quelques exemples d’ouvrages qui dénotent du caractère insolite de certains remèdes préconisés par des médecins à l’époque : Geoges-Jean Bertin, De l’injection du sang de chèvre comme traitement de la tuberculose. Longtemps délaissée, cette institution est prête à arborer un nouveau visage dès lors que la contagion est avérée et qu’une réflexion globale sur l’isolement des malades s’instaure. ), Dictionnaire de la pensée médicale, Paris, PUF, 2004, p. 1167-1170. Cette affirmation qui donne le vertige est difficilement vérifiable et semble exagérée. 25 Olivier Faure, « Tuberculose », dans Dominique Lecourt (dir. 1 Philippe Ariès, L’homme devant la mort, Paris, Seuil, 1977, p. 121-141. C’est le cas de Léon Bernard, médecin des hôpitaux de Paris et un des plus ardents défenseurs de la médecine sociale au début du XXe siècle, qui a consacré nombre de ses travaux à la tuberculose des nourrissons. 40 J. Daniel et Adrien Loir, Cérémonie du cinquantenaire…, op. 69 ADSM, 1 NP 135, délibérations C. G. (1919), rapport de l’inspecteur départemental des services d’hygiène, le Dr Ott. Téléphone : +49-(0)221-96441-101 info@malteser-international.org, Malteser International Numéro de compte : 20 20 270 IBAN : DE74 370601930002020270 S.W.I.F.T./BIC : GENODED1PAX (Pax Bank Cologne), Votre don a un impactFinancesActualitésMédiathèque. Pour l’association, cette proximité est censée améliorer le confort des malades, qui trouveront sur place non seulement un dispensaire, organe préventif, mais également un hôpital, organe curatif. Jean-Antoine Villemin, Georges Brouardel ou Joseph Grancher n’hésitent pas à prendre le parti de la déclaration obligatoire, tous persuadés de sa dangerosité et de la nécessité de la déclarer pour mieux la combattre. Si cette proposition n’a pas de suite, elle permet d’aborder la problématique de la fiabilité des statistiques de mortalité ; ainsi, dès les années 1860, plusieurs rapports sur les causes des décès dans la ville de Rouen se succèdent et sont âprement discutés34. Voilà par exemple ce qui détermine la tuberculose urbaine selon le docteur Lecadre : Qui oserait nier que le non renouvellement de l’air, l’agglomération des individus, les mauvaises odeurs entretenues dans les appartements par les déjections des malades, le défaut de purification de l’atmosphère et de neutralisation des miasmes, ne soient autant de causes d’aggravation pour la maladie ? 81 AMES, 1 D ELB 33, registre des délibérations du conseil municipal d’Elbeuf (24 octobre 1902 – 17 novembre 1905), proposition de construction d’un dispensaire par le Dr André Lourier, président du Comité de l’œuvre de la tuberculose humaine, séance du 17 février 1905. La loi du 18 décembre 1848 crée les conseils consultatifs d’hygiène dans les départements et les arrondissements, instances qui rassemblent des experts « hygiénistes » appelés à se prononcer sur l’ensemble des questions relatives à la protection contre les épidémies et à l’amélioration des conditions de santé. En Seine-Inférieure, un conseil d’hygiène et de salubrité existe déjà depuis le 2 août 1831, dont le premier président n’est autre qu’Achille-Cléophas Flaubert, chirurgien-chef de l’Hôtel-Dieu et père de Gustave Flaubert. 17 Jules Héricourt, Les maladies des sociétés, tuberculose, syphilis, alcoolisme et stérilité, Paris, Flammarion, 1918, p. 22. 35 Olivier Faure, « Aspects anthropologiques, historiques et sociologiques de la santé et de la maladie en France et en Allemagne », Actualité et dossier en santé publique, no 16, septembre 1996, p. 3-6. 49Finalement l’hygiénisme a, semble-t-il, pris une telle place dans la société française au XIXe siècle qu’il dirige et coordonne toutes les politiques issues du pouvoir central, des municipalités ou des associations. Elles sont surtout à l’origine de nouvelles perspectives dans une lutte contre la tuberculose qui tarde à être définie et dont les ravages restent encore trop souvent insoupçonnés par les médecins et les pouvoirs publics. 43Hormis les enseignements théoriques, un autre dispositif naît, beaucoup plus pratique, appelé « école de plein air ». L’aide humanitaire est essentielle pour lutter contre la tuberculose. Les premiers résultats de cette initiative sont promulgués par le docteur Ott, inspecteur des services d’hygiène, en 1919. Il ne suffit plus d’inculquer aux élèves, dès leur plus jeune âge, les règles élémentaires d’hygiène d’une manière théorique, il faut également des cours pratiques, en chassant notamment les mauvaises manières. 22L’exemple havrais se devait de s’inscrire dans une continuité normande. Les écrivains de l’époque, comme Alexandre Dumas, Chateaubriand ou Victor Hugo, ont même su déceler dans ses aspects une forme de beauté caractérisée par la pâleur et l’extrême maigreur du malade ; selon eux, les gestes du tuberculeux, traduisant sa faiblesse, offrent une certaine grâce. En 1912, le professeur Letulle, au nom de la Commission permanente de la tuberculose conclut à l’obligation absolue de la déclaration de toute tuberculose ouverte, ajoutant que cette déclaration est « d’un intérêt public68 », mais toujours sans appui public. Le choléra est une maladie provoquée par l’ingestion d’une bactérie, le vibrio cholerae. De la peste à la tuberculose, les hommes face aux épidémies. 74 Ibid. Au début du 20ème siècle, bien avant la mise au point d'un vaccin ou d'un traitement efficace, la tuberculose commence à décliner dans les pays industrialisés grâce à l'a mélioration des conditions de vie : les logements sont plus sains, l'accès à l'eau plus répandu, l'hygiène améliorée et … Ces premiers atermoiements tendent à s’estomper par la suite au gré d’une multiplication des désinfections de logement dès 1892 ; de même, la protection de l’enfance, l’assainissement ou encore la vaccination deviennent des principes reconnus par le bureau dès le début du XXe siècle.

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